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ELA Papiers comestibles

J’ai découvert Emilie Laura au hasard d’instagram. J’ai eu un vrai coup de cœur pour son travail et pour ses papiers comestibles et écologiques. ⁠Pas le « simple » papier azyme sans saveur bien connu des pâtissiers, non, un papier avec un vrai bon goût de fruits ou légumes ! Et son papier comestible, elle peut même le sérigraphier ! Avec des encres comestibles végétales évidemment. Vous imaginez le champ des possibles qui s’ouvre à moi ? Ça me donne tellement d’idées ! Alors j’avais envie de partager cette belle découverte en l’invitant sur le blog. Et je suis honorée de la recevoir ici.

Retrouvez son travail sur Instagram, sur facebook et sur son site internet.

atelier de serigraphie comestible avec des enfants
Emilie Laura en plein atelier découverte avec des enfants
Quel est ton parcours professionnel ?

Emilie Laura : J’ai eu un parcours riche de rencontres et d’expériences diverses, qui bout à bout forment une base solide et cohérente pour le projet que je développe aujourd’hui.

J’ai commencé par une Mise à Niveau des Arts Appliqués puis un BTS communication visuelle en école d’arts appliqués à Paris ; J’ai poursuivi avec un DNAP (Diplôme national d’expression plastique) et un DNSEP (Diplôme national supérieur d’expression plastique) en design graphique à l’ÉSAD d’Orléans. Je savais déjà que je voulais poursuivre en freelance, dans le graphisme comestible. J’avais déjà commencé à expérimenter et mettre au point mes premiers supports graphiques comestibles, et à tisser un réseau d’acteurs avant même ma sortie de l’école fin 2014.  

Au printemps 2015, je retourne m’installer à Paris où je décroche ma première résidence artistique à La VillaBelleville. C’est une des expériences les plus incroyables que j’ai vécue. Je me sentais à ma place, j’y ai rencontré des personnes de domaines différents qui débordaient de talents (musique, sculpture, design, architecture…). J’avais une soif de créer et produire. J’ai participé à différents événements pour présenter et exposer mes productions (comestibles et non comestibles). Toutefois, cela ne suffit pas toujours. Surtout à Paris ! Après la VillaBelleville, j’ai eu trois autres résidences/ateliers qui m’ont permis de poursuivre mes expérimentations et mes projets graphiques. 

En 2017, je reprend mes études en cours du soir, en école d’horticulture et d’art du paysage. J’avais déjà un pied dans le milieu associatif de l’agriculture urbaine, mais cela ne me suffisait pas. Je valide mon diplôme de jardinier-paysagiste l’année suivante, tout en ayant assuré un emploi salarié et mes activités de freelance à côté. À la fin de cette année-là, j’étais à bout de souffle et j’avais mis entre parenthèse ma vie personnelle. J’ai hésité à tout arrêter, pensant m’être égarée. J’ai pris du temps pour moi et j’ai tout mis à plat pour retrouver un équilibre de vie plus sain. Je décide d’arrêter le job alimentaire et de me consacrer 100% à mon activité de freelance. Les choses s’éclaircissent peu à peu. Et ce qui reste toujours présent, – comme un phare – c’était le graphisme comestible !

Depuis le printemps 2020, je mets tout en œuvre pour mener à bien ce projet qui me passionnait tant, notamment en suivant une formation et en étant accompagnée par la BGE Parif pour la création de mon entreprise.

Affiches-serigraphiees-comestibles-Ela papier
Affiches sérigraphiées comestibles, à l’occasion de la carte blanche d’Oxmo Puccino. Institut du Monde Arabe
Quel est ton rapport à la nourriture ?

Emilie Laura : Dès l’enfance, j’ai développé plusieurs allergies respiratoires et alimentaires. L’alimentation fut pleine de contraintes pendant un temps (à la fois physique, psychologique et sociale). C’est quelque chose que j’ai du apprivoiser avec le temps, pour retrouver une santé et une vie sociale normales. Pour ne rien arranger, j’ai fait le choix de devenir végétarienne à la fin de l’adolescence. J’ai donc développé un rapport différent à mon environnement, et tout particulièrement à la cuisine et au végétal.

Je pense que mon projet trouve ses origines ici : faire en sorte que l’alimentation devienne un terrain de jeu créatif et expérimental, plutôt qu’un handicap ou une contrainte. Aujourd’hui j’adore expérimenter et mettre au point des recettes. La cuisine est un des moyens d’expression qui m’amuse le plus, après le dessin. Je suis aussi assez gourmande (mais c’est sûrement le cas de toutes les personnes qui travaillent de près ou de loin dans le domaine de la Food).

affiche comestible sur le vegetarisme

Quelle est l’histoire d’Éla Papiers ?  

Émilie Laura : Pendant la préparation de mon DNSEP, un grand nombre de mes projets graphiques tournaient déjà autour de la cuisine et du végétal. Alors un jour, j’ai eu envie d’aller plus loin : je ne voulais plus seulement produire une affiche en imageant un projet graphique culinaire, je voulais produire une affiche qui se mange ! L’aventure a commencé ainsi.

Pourquoi faire le choix d’un papier comestible
et pas « simplement » écologique et végétale ?

Émilie Laura : Parce que c’est plus amusant !

manger du papier comestible imprime avec des pigments vegetaux

Quel impact souhaites-tu avoir avec ce projet ?  

Émilie Laura : Surprendre.
J’ai également à cœur de défendre des valeurs plus humaines, écologiques et durables. Mes papiers comestibles sont des supports qui racontent autre chose. J’ai beaucoup lu sur la sociologie de l’alimentation et le rapport intime que nous entretenons avec. Ce que nous ingérons nous transforme, de manière consciente et inconsciente. Cela nous fait réfléchir.

À travers mes créations, j’espère pouvoir infuser certaines questions et réflexions sur notre rapport à la nature. Cela guide tous les choix dans mon processus de création :
. Utiliser des produits frais et de saison uniquement
. Travailler avec des producteurs que j’aurai rencontrés
. Faire le choix de l’agriculture biologique
. Lutter contre le gaspillage alimentaire

Faire en sorte que l’alimentation devienne un terrain de jeu créatif et expérimental, plutôt qu’une contrainte.

Peux-tu partager des idées d’applications pour tes papiers et tes encres ?

Émilie Laura : Cartes de visite, cartes de vœux, cartes postales, cartes anniversaire, programme, invitation, gommettes, origami, packaging…

Origamis et sérigraphies comestibles (saveur poire et citron).

Où et comment élabores-tu tes recettes ?

Émilie Laura :Mes phases de recherches se font principalement chez moi, c’est plus simple en terme de logistique lorsque je souhaite expérimenter de nouvelles idées et mettre au point mes produits.

Pour mes prestations professionnelles, je loue ou sous-loue un laboratoire culinaire. Je recherche d’ailleurs activement un commerçant philanthrope, prêt à me sous-louer sa cuisine à tout petit prix contre un échange de services par exemple. Le temps que je finalise ma création d’entreprise et m’installe dans mon propre laboratoire.

Combien as-tu de « références » papiers à ton catalogue ?

Émilie Laura : J’ai deux références de papiers à proprement parler.
En revanche, il y a de nombreuses déclinaisons pour chacun : les saveurs et couleurs varient au fil des saisons. Il est également possible de travailler directement dans la matière (pour des motifs et effets. Marbré notamment).

Je souhaite l’enrichir autant que possible. Mais la mise au point d’un nouveau papier peut être longue. Je travaille depuis quelques temps sur la création d’un papier blanc ou crème, qui serait utilisable en origami. Pas simple !

Le fait de ne travailler qu’avec des produits naturels et d’origine végétale peut contraindre au départ. Cela nécessite beaucoup de recherches, de loupés, mais c’est aussi très enrichissant.

papier origami a manger

Y-a-t-il des ingrédients que tu préfères travailler ?

Émilie Laura : J’ai peut-être une préférence pour les fruits d’été. La palette de cette saison m’offre beaucoup plus de possibilités.
Dans le travail, comme dans la vie, je ne consomme que des produits de saison. Je guette donc l’arrivée de chaque nouvelle saison avec enthousiasme.

Pourquoi as-tu choisi la sérigraphie ?

Émilie Laura :C’est une technique que j’affectionne et que j’ai découvert à l’école d’art. Elle offre un champ des possibles incroyable et permet d’expérimenter beaucoup plus (couleurs, textures, effets…), à moindre frais, sur tous types de supports et de manière autonome.

J’ai fabriqué mon premier kit de sérigraphie pendant mes études et je me suis formée seule pour être plus autonome dans mes projets graphiques. J’utilisais le karcher dans ma baignoire pour préparer les cadres, puis je réalisais les impressions dans mon salon. Le cadre d’impression était simplement fixé à une planche grâce à deux charnières, sur des tréteaux. J’utilisais même de la gouache pour mes impressions, car les encres de sérigraphie étaient trop onéreuses pour moi à l’époque. C’était de la débrouille étudiante, mais j’en garde de superbes souvenirs et projets !

Côté comestible, c’était la seule technique que j’avais sous la main et qui me semblait viable lorsque j’ai commencé mes expérimentations culinaires. J’ai découvert ensuite les imprimantes alimentaires, mais le rendu n’est pas le même. Avec la sérigraphie, chaque impression est unique car entièrement élaborée et imprimée à la main. C’est passionnant et un peu magique ! Il y a toujours une forme de surprise et de fierté une fois que l’on regarde le projet ou le produit fini.

serigraphie comestible et encre pigment vegetal

Je souhaite éveiller les sens et les curiosités.

Comment crées-tu tes pigments comestibles ? 

Émilie Laura : Je crée mes pigments à partir de végétaux, de fruits et de légumes. Les parfums peuvent donc être très diversifiés.

Quelles sont les difficultés et les contraintes techniques auxquelles tu es confrontée ? 

Émilie Laura : Les principales contraintes et difficultés sont les réglementations propres au domaine alimentaire. Elles sont complètement légitimes, mais lourdes à porter lorsque l’on se lance dans l’entrepreneuriat et que l’on souhaite bien faire les choses.

Il y a tout d’abord la certification des créations. Il faut trouver un laboratoire compétent et spécialisé, afin d’établir avec lui un programme analytique microbiologique de tous les produits. La mise en place du programme peut prendre plusieurs mois.

Il y a ensuite l’étape emballage. Je me suis beaucoup questionnée pour trouver le point d’équilibre entre l’obligation d’emballer des produits alimentaires et la volonté de réduire nos déchets. Trouver des fournisseurs de papiers aptes au contact alimentaire m’a demandé pas mal de temps, car je souhaitais trouver des papiers esthétiques, qualitatifs, qui respectaient également mes valeurs écologiques.

Enfin, vient l’étape de création de mon propre laboratoire culinaire. Le marché est saturé à Paris et en petite couronne, donc l’obtention d’un bail commercial prend plusieurs mois. Mais je ne lâche rien et suis toujours aussi déterminée !

dessin sur papier comestible avec encre vegetale

Quelles sont tes ambitions pour Éla Papier ?

Émilie Laura : Je souhaite éveiller les sens et les curiosités. Pour se faire, j’ai l’ambition de repenser nos usages du papier, des supports graphiques et des goodies, de créer une vraie filière artisanale, locale et zéro déchet.

Quel est le projet le plus surprenant sur lequel tu as travaillé ?

Émilie Laura : Pour le moment, la commande qui m’a peut-être le plus marquée est celle de 500 origamis en forme de coeur (250 à la banane, 250 à la fraise). C’est la première fois que l’on me commandait une quantité pareille. Cela a nécessité deux semaines de travail. La fabrication du papier et le travail du pli peuvent être un peu répétitifs, tout étant très méditatifs. J’étais presque triste de m’en séparer. Mais le projet fut une réussite et la réception du public à la hauteur de mon investissement.

Quel serait ton projet / client idéal ?

Émilie Laura : Je rêve de produire une exposition entièrement comestible. C’est un projet déjà pensé et écrit, prêt à être mis en œuvre (je le garde donc un peu secret). Il ne manque plus que la bonne occasion se présente et le lieu pour le réaliser. 

Peux-tu donner un ordre de prix
pour tes impressions sur papier comestible ?

Émilie Laura : Malgré toutes les contraintes techniques et le côté innovant de mes produits, je souhaite qu’ils soient le plus abordables possibles. J’estime que le beau et le bon ne devraient pas toujours être des produits de luxe ou une niche.

La première gamme de cartes de visite sera à un peu moins de 100 euros pour 100 exemplaires. Cela peut déjà représenter beaucoup selon les personnes et profils de projets. 

Combien de temps en amont faut-il te contacter
pour un projet d’impression sur papier comestible ?
 

Émilie Laura : Tout dépend du projet, des quantités et de mon planning à ce moment là ! Mais plus tôt nous pouvons échanger sur le projet, meilleurs seront le suivi et la réalisation. J’aime avoir le temps de discuter du projet en lui-même avec un client (ses envies, ses besoins, ses contraintes), pour pouvoir faire des recherches et des tests en cas de création sur mesure.

Que préfères-tu dans ce métier ?

Émilie Laura : C’est la phase de recherches et d’expérimentations qui me font le plus vibrer. L’aspect artisanal et fait main. Je suis une graphiste heureuse, mais j’ai profondément besoin de créer avec mes mains. Essayer, louper, réfléchir, retenter, trouver… Je ne peux en aucun cas passer une semaine juste derrière mon ordinateur. J’ai besoin d’être en contact avec la matière et le vivant. 

As-tu une recommandation food à faire
ou une découverte culinaire à partager ?

Émilie Laura : Je suis une grande fan des galettes bretonnes et des tartes ! Ces deux types de plat offrent énormément de possibilités et de déclinaisons, une palette de saveurs quasi infinie côté sucré et salé.

En 2017, je suis arrivée première ex aequo à un concours de sérigraphie sur crêpes. Le premier prix était une résidence artistique, le second une krampouz professionnelle. Au regard de mes activités professionnelles et de mes intérêts personnels, le jury avait finalement décidé de m’accorder le second prix. J’étais conquise. Donc une recommandation : créez et mangez des galettes et des tartes  !


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