Vous vous apprêtez à créer vous-même votre logo. Première étape du processus créatif, vous partez à la collecte de références visuelles. Mais une fois ce travail réalisé, avec vos « inspirations » réunies devant les yeux, vous bloquez, de peur de tomber dans le plagiat ? Car il est vrai que la distinction entre inspiration et plagiat peut parfois être subtile…
Plagiat ou inspiration, quelle différence ?
Le plagiat est une violation de la propriété intellectuelle d’autrui. Il se produit lorsque des personnes présentent une création comme la leur, alors qu’elle provient d’une autre personne. C’est simple : si je vole ou que je copie l’œuvre d’un.e autre, et que je me l’approprie intentionnellement, je commets un plagiat, et c’est condamnable.
Pour autant, s’inspirer d’une œuvre n’est pas forcément la plagier ! Il s’agit au contraire d’un processus créatif à la fois naturel et inconscient. C’est dans la nature humaine, qu’on le veuille ou non. Chaque apprentissage n’est autre que de la copie : il suffit d’observer comment les bébés imitent les adultes.
Alors si certains cas de plagiat sont évidents, intentionnels et indéfendables ( allez faire un tour chez Joe la pompe ), d’autres sont tout simplement impossible à mettre en cause, car ils surfent sur un effet de mode très – trop ? – populaire ou ne font qu’utiliser une « recette » qui marche. C’est d’autant plus vrai qu’un auteur peut facilement « copier » involontairement et sans même s’en rendre compte, en s’appropriant des idées qu’il croyait siennes, mais qu’il avait en réalité vue ailleurs, peut être des années auparavant.
Alors, peut-on s’inspirer sans plagier ?
Il est parfaitement possible de s’inspirer sans plagier, à condition de s’accorder sur le fait que réexploiter une idée qui existe déjà n’est pas forcément du plagiat. La démarche du créateur repose alors sur le recyclage et la combinaison d’éléments existants pour créer quelque chose de neuf, sur la mise en valeur d’une idée sous-exploitée soumise à une réflexion personnelle et une réinterprétation pertinente. En conclusion, l’inspiration serait la reprise approximative d’une idée, d’un concept ou d’un contenu que l’on aurait réinterprété à sa façon.
Vous voulez par exemple écrire une histoire avec des Elfes, des Ogres et des nains. Êtes-vous en train de plagier JRR Tolkein pour autant ? Non, vous utilisez juste une recette qui a fait ses preuves ! Car il est impossible de retrouver celui qui a inventé les elfes, les ogres et les nains. Mettre tout ça ensemble, c’est comme utiliser les ingrédients nécessaire pour faire un bon gâteau. Il est possible de faire un gâteau sans farine, mais il y en a quand même dans beaucoup de recettes, n’est-ce pas ?
Je me souviens d’une cliente qui craignait que l’on nous accuse de plagier « Maille » pour avoir utilisé la combinaison de couleurs or/noir sur ces étiquettes qu’elle voulait « haut-de-gamme ». Gardez en tête qu’il y a certaines choses dont personne ne peut s’attribuer le mérite ! Cette association de couleurs, par exemple, n’est la propriété de personne.
5 astuces pratiques
Soyez pro-actif
Vous souhaitez créer votre logo et vous avez peur de plagier. Si personnellement, je fais toute ma veille sur Pinterest, je vous conseille dans ce cas de regarder AILLEURS ! Ouvrez grand les yeux, regardez autour de vous et là où les autres ne regarderont pas. L’inspiration est partout, dans la rue ou la nature, sur vos murs et vos emballages… Plus les références collectées seront éloignées de votre domaine d’activité, de votre univers, du support que vous allez créer, plus vous devrez vous les réapproprier « à votre sauce » pour qu’elles soient pertinentes pour votre marque. Laissant ainsi de côté les risques de plagiat !
Passer en mode « automatique »
Mais si vous voulez gagner un temps considérable sur votre veille, je vous conseille de flâner, comme moi, quelques heures sur Pinterest. Sa puissance, c’est les associations d’idées qu’il fait à votre place. Le problème, c’est de savoir quand s’arrêter ! Depuis plusieurs années, j’y épingle sur des tableaux dédiés toutes les références visuelles que je trouve réussies. Puis c’est toujours le même processus. Je fais défiler ces tableaux rapidement, ne me laissant pas le temps de m’attarder sur chaque image, en me répétant en boucle le nom du projet et les valeurs de mon client. Je les fais défiler en mode « automatique », sans vraiment réfléchir, en répétant encore et encore ces mots. Puis à chaque fois qu’une image retient mon attention, je l’enregistre, sans chercher à comprendre sur le moment pourquoi elle m’a interpellée. Je fais confiance à mon instinct, à mon ressenti et à mon inconscient qui a certainement d’excellentes raisons de s’être arrêté sur ces images en particulier, sur lesquelles il a du identifier une traduction graphique de ces « valeurs ». Laisser alors reposer le tout quelques minutes, quelques heures ou quelques jours si vous en avez le temps.
Posez-vous les bonnes questions
Vous avez désormais collecté un certain nombre de références. Vous n’êtes pas revenu dessus depuis quelques temps. Maintenant, pour chaque visuel qui a retenu votre intention, demandez-vous toujours :
– Qu’est ce que j’aime dans cette image ?
– Est-ce l’harmonie générale, la composition, les typographies, les couleurs, le motif, etc. ?
– Comment cela pourrait-il s’appliquer à mon logo ?
– Pourquoi a t’elle retenue mon attention ?
– Qu’est ce qu’elle me raconte ? Est-ce que cette histoire correspond à l’image que je souhaite donner à ma marque ?
– Quelles valeurs transmet elle ?
– Comment cela pourrait il être encore plus pertinent pour ma marque ?
– Est ce que cette composition pourrait s’adapter à la longueur/structure de mon nom de marque ?
Cette étape doit vous aider à identifier les éléments à conserver pour votre propre identité visuelle. Peut-être était-ce la typographie du visuel n°1, ou les couleurs du visuel n°4 ou bien la composition du visuel n°10 qui, ensemble, traduisent le mieux visuellement ce que vous souhaitez raconter à travers votre logo.
La recette qui marche
Faisons un parallèle avec le monde de la cuisine. Il est important à mes yeux de distinguer deux choses dans la création d’un logo : Les ingrédients ( les typographies, les couleurs, les formes, les motifs et le style graphique utilisés ) de la recette ( la manière dont les ingrédients sont associés, assemblés, mesurés). Le plagiat en graphisme est selon moi, la reproduction exacte « de tous les ingrédients et de la recette avec ». Si vous utilisez les mêmes ingrédients et la même recette que votre référence, vous avez de grandes chances d’aboutir à un résultat similaire et d’être accusé de plagiat ! Par contre, si vous n’utilisez QUE les ingrédients nécessaires à votre création ou si, au contraire, vous suivez une recette qui a fait ses preuves, mais en y substituant vos propres ingrédients … alors vous pouvez être sûr de parvenir à un résultat très différent…
Passer par le croquis
Maintenant que vous avez identifié les éléments/idées/concepts à conserver pour votre projet, vous n’avez désormais plus qu’à mélanger tous les ingrédients pour obtenir votre logo !
Bon, vous vous en doutez, ce n’est pas si simple en réalité. À cette étape de création, je vous conseille de reprendre chaque référence et d’isoler chaque élément retenu et d’en faire une esquisse rapide sur une feuille vierge. Pas de détails, gardez juste l’idée de fond, le concept. Une fois ce travail terminé, ne revenez plus jamais sur vos références et concentrez-vous uniquement sur vos ébauches. Faites reposer quelques minutes, heures, jours selon le temps que vous disposez. Et lorsque vous reviendrez dessus, vous aurez oublié avec précision l’image d’origine. Vous n’avez désormais sous les yeux que vos croquis, « l’essence » de chaque référence que vous aurez gardées. Cela oblige réellement à se réapproprier «l’idée» sans jamais copier le modèle. C’est, personnellement, ma méthode pour ne jamais tomber dans le plagiat.
Avec tous vos croquis sous les yeux, trier, expérimenter, associer, jusqu’à trouver la composition parfaite et pleine de sens pour votre logo. Ne reste plus qu’à passer à la réalisation finale de votre logo mais vous avez désormais la certitude d’avoir une identité unique et original !
Une affaire de conscience
Pour conclure, et avec toute « l’innocence » – la naïveté ? – qui me caractérise, nous pourrions dire que les intentions du créatif sont finalement la principale limite entre inspiration et plagiat. L’auteur qui copie est alors celui qui a eu l’intention de le faire, depuis le début.
En clair, si vous vous posez une seule fois la question « Suis-je en train de plagier un tel ? », alors la réponse est oui !